"Pour moi, la création, il faut que cela vienne naturellement et que cela soit une alchimie. C'est l'alchimie entre la main, la matière qui fonctionne bien et qui au final te donne de la joie."
ranck Benito, maitre d’art et repreneur de l’Atelier Cristal Benito, entreprise du patrimoine vivant.
« Quand je suis en dehors de mon atelier, j'ai des idées qui me viennent. Les vraies créations, je les ai eues plutôt sur des voyages en Inde, aux États-Unis ou ailleurs, à des moments où j'avais l'esprit totalement libre. »
Franck Benito est la 3e génération dans l’art du cristal taillé à la main. Son père, Martin Benito, lui a transmis son savoir-faire. « J'ai appris le métier assez tard, à 19/20 ans, mais j'avais aussi cette partie commerciale qui me permettait de souffler. Parce que quand vous apprenez le métier avec mon père, qui est considéré comme l’un des plus grands tailleurs de cristal du XXᵉ siècle, ce fut difficile pour moi de lui prouver que j'étais capable de le faire. J'ai donc mis facilement entre 15 et 18 ans pour arriver à son niveau. Cela a été long, laborieux, mais quel plaisir au bout de ces 15 années, quelle chance ! »
Né en région parisienne, Franck Benito, après son Baccalauréat, voulait faire une école de commerce. Il est venu à l’atelier un peu tard à 19 ans. Il développe alors surtout la partie commerciale de l’atelier familial mais maintenant le cristal est une passion. En 2004, Franck Benito reprend l’atelier qui devient alors l’atelier Cristal Benito. C’est aussi une entreprise du patrimoine vivant depuis 2006. Des pièces uniques sont créées en éditions limitées destinées aux décorateurs, boutiques de luxe, hôtels ou particuliers.
L’aventure, depuis 1952, est exigeante : conserver le savoir-faire de trois générations successives avec leur style et leur vision et innover avec de nouveaux modèles, de nouvelles formes ou allures grâce à la transmission d’un savoir-faire familial.
« C'est à la fois difficile et facile car mon père était exigeant. Mais d'un autre côté, il avait la souplesse de me laisser le temps d'apprendre. Moi, je me mettais un peu de pression, mais au travail, nous pensions de la même façon. Moi, j'avais envie d'apprendre, de développer l'entreprise, de partir aux États-Unis, de récupérer des commandes et mon père me laissait une entière autonomie, c'était extraordinaire. »
« En dehors de la vie personnelle, où nous étions totalement différents, mais vraiment à l'opposé. Lui, c'était 120 % de travail. De mon côté, même si je travaille 70h par semaine, j'ai vraiment envie de me faire plaisir aussi en dehors du travail, de m'occuper de mes enfants. La vie de famille, c'est la stabilité. Pour un artiste, c'est important. »
La création de pièces classiques ou contemporaines, la connaissance du cristal permet à Franck Benito d’envisager la restauration de pièces exceptionnelles. « Je me suis engagé sur une restauration qui était très compliquée, qui m'a permis aussi de voir comment les tailleurs de cristal travaillaient il y a 250 ans. C’était incroyable parce qu'ils avaient étudié, ils travaillaient beaucoup et ils faisaient des choses extraordinaires. Puis, je me suis fait connaître auprès du palais de l'Élysée qui m'a fait confiance. Maintenant, les particuliers viennent me voir pour des pièces Daum, Baccarat ou Saint-Louis parce que ces grandes marques ne restaurent pas leurs pièces. »
« J'ai restauré le doigt de César, une sculpture que nous pouvons retrouver à La Défense, mais il y a eu une édition par Baccarat de 300 ou 400 exemplaires. Le pouce en lui-même pèse 17 kilos, quand nous faisons une restauration c’'est à la main levée, il fallait à la fois quelqu'un de fort, mais surtout quelqu'un qui était capable d'enlever toutes les rayures qu'il y avait sur cette pièce. Sa valeur, à partir du moment où il y a des rayures et des imperfections, est moindre. La galerie Dali aussi m'a appelé, il n'y a pas longtemps, pour un vase exceptionnel. C'est très intéressant de travailler la restauration sur des pièces exceptionnelles. »
Par Maria Afonso
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