Opération Prestige. Bienvenue à bord de l’Orient-Express !

Sept voitures, trois ans de rénovation, une dizaine d’entreprises d’artisanat d’art : voici l’équation de la reconstitution des voitures historiques Pullman Orient-Express rachetées par SNCF en 2011 au nom de la préservation du patrimoine.

L’Orient-Express, surnommé à juste titre « le train des rois, le roi des trains », a marqué l’histoire ferroviaire française et l’imaginaire international. Soucieuse de préserver le patrimoine ferroviaire et l’art du voyage que la CIWL avait créé avec succès, SNCF a racheté en 2011 au groupe hôtelier Accor sept voitures historiques Pullman Orient- Express, construites dans les années 1920 : trois voitures- salon, trois voitures-restaurant, une voiture-bar. S’en est suivi, de 2015 à 2018, un ambitieux programme de restauration associant savoir-faire industriel et artisanat d’art pour rendre à ces voitures leur luxe originel.

Pas moins de trente entreprises sont intervenues sur ce chantier en liaison avec les ateliers de maintenance et les bureaux d’études de SNCF, les Ateliers de construction du centre (ACC), à Clermont-Ferrand, ont entièrement démonté les voitures pour réviser les parties mécaniques et électriques (bogies, système de freinage), et les remettre entièrement à neuf.

L’aménagement intérieur et la décoration des voitures – boiseries en acajou vernis au tampon, marqueteries en étain sur fond de loupe de bouleau de Norvège, objets en laiton chromé et autres métaux, câbles électriques gainés de tissu, velours des rideaux, brise-bise, moquettes et sièges – ont été confiés à plusieurs entreprises labellisées Entreprises du patrimoine vivant (EPV), qui détiennent des compétences uniques.

Les superbes panneaux en marqueterie (bois exotiques) conçus par René Prou et les boiseries (placage de peuplier) assorties des compositions du maître verrier René Lalique (pâte de verre, paillettes d’argent) ont été restaurés par l’Atelier Philippe Allemand, à Issoire.

La Manufacture royale d’Aubusson s’est chargée des moquettes au motif évoquant des rails de chemin de fer (créé par Suzanne Lalique), et l’Atelier Nivet à Riom des tapisseries des fauteuils et banquettes sur lesquels le célèbre détective Hercule Poirot s’est assis au cours de son enquête sur Le Crime de l’Orient- Express… Les fauteuils à oreilles ont été restaurés par la Manufacture Besse, à Neufchâteau. Les abat-jours ont été confiés à l’Atelier Hugues Rambert, à Vichy. Le lettrage a été livré par la Fonderie Macheret, dans la Sarthe.

Depuis, plusieurs fois dans l’année, la filiale Orient Express, détenue à 50 % par la SNCF et 50 % par le groupe hôtelier Accor, attelle ces merveilles sur roues pour des opérations événementielles de prestige pour le compte de sociétés telles que Chanel. Et cet été, d’heureux élus ont voyagé dans ce train mythique jusqu’à Montreux pour assister au fameux festival de jazz, créé par le regretté Claude Nobs.

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Par Anne Jeantet-Leclerc

Publié dans Lettre du cheminot