Secrets d'atelier : la lumière comme matière selon Bernard Pictet, orfèvre du verre

Inspiré par l’art contemporain ou encore le végétal, Bernard Pictet a créé une verrerie unique en son genre : elle propose des créations surprenantes qui détournent le verre de son apparence initiale, grâce à des expérimentations techniques associant gravure, sablage, burinage, dorure...

La verrerie Pictet a été créée en 1981 par Bernard Pictet. Après avoir développé pendant dix ans des modèles classiques, il s’est lancé dans une création plus personnelle et a multiplié les projets d’application pour le verre structurel, redéveloppé le burinage – une technique peu usitée depuis les années 1930- et enrichit une matériauthèque de plus de 300 motifs. Ils sont inspirés de l’art contemporain, de Pierre Soulages à Anish Kapoor, ou du monde végétal, dont ils reproduisent les formes organiques. Alors que la relève est aujourd’hui assurée par Aurélie Kostka, la verrerie Pictet poursuit l’aventure de son fondateur pour des projets luxueux et sur mesure.

Une entreprise à taille humaine

Dans une impasse parisienne de la rue Oberkampf, une équipe de six artisans grave, burine, entaille et ornemente. Thomas, arrivé il y a un an, maîtrise le sablage et le burinage ; Gabrie en poste depuis peu intègre le travail à la scie et le burinage. Marion, jeune recrue, apprend progressivement la maîtrise de ces techniques. Et Lucile, la doreuse de l’atelier depuis vingt ans, connaît parfaitement le lieu.

L’important est que ces artisans soient polyvalents et acquièrent une grande dextérité pour effectuer les gestes impartis aux différentes tâches.

À l’aube de la retraite, sans héritier, Bernard Pictet a cherché un repreneur dès 2018. Il recrute en novembre 2019 Aurélie Kostka, à qui il a tout appris du métier de verrier jusqu’à son départ. Directrice générale de la verrerie depuis deux ans, Aurélie Kostka a pris la relève de cette entreprise à taille humaine. Célèbre dans le monde entier pour ses verres d’une grande maîtrise et qualité, elle est inscrite au label Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2008.

Des machines au service de la main

Les verres ne sont pas fabriqués sur place mais commandés sur mesure à Morangis. Ce sont des verres de sécurité, offrant une résistance renforcée. Ici, c’est le travail décoratif qui est réalisé. À partir des motifs retenus, un fichier vectorisé est créé. Il s’agit du modèle, qui permet l’envoie des instructions à une machine, le plotter de découpe. Celui-ci conçoit un pochoir prédécoupé – un vinyle – qui est encollé sur le verre. Les parties qui vont être gravées sont ensuite retirées au scalpel.

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Article rédigé par Astrid Desmousseaux pour Connaissance des Arts